On en reparlera encore longtemps. En fait il n'y avait que très peu de neuf là-dedans. En effet, dès la fin des années 1990, on nous parlait déjà du "programme Echelon" dont les installations basées en Islande sous la forme d'immenses balles de golf écoutaient les conversations téléphoniques mondiales, aussi bien en lignes fixes (câblées) qu'en GSM (cellulaires).
L'affaire Snowden n'a fait que confirmer ce que tout esprit un tant soit peu doué de raison savait: ce qui s'est fait pour les téléphones et fax, devait forcément se faire, à l'heure de l'accès à l'internet pour tous, au niveau du net (du web).
Mais le plus difficile est d'en établir le but. Enfin, en raisonnant un peu on peut dégager un but ou des buts.
S'il s'agit d'espionnage et seulement d'espionnage, voyons quand même les inconvénients d'un tel système. Il s'agirait alors d'un passage identique à celui de la pêche au filet à petites mailles. On ramasse tout ce qui passe, on voit après. Sauf que contrairement à la pêche, ici le filet n'arrête jamais d'être lancé et ramené: c'est un filet sans fin.
Ecouter le monde entier sans cibler, tel que cela est pratiqué par la NSA, ne permet que d'écouter un énorme bruit, un bruit mondial et de facto inintelligible, indécodable si du moins on cherche à y percevoir des menaces terrorristes par exemple.
Et justement, me dis-je, si ce n'était rien d'autre que ce "bruit de fond" qui était recherché par la NSA?
Je m'explique. On sait que la plupart des pays européens, y compris la France, la Belgique, les Royaumes-Unis, avaient recours, et ce certifié jusqu'au moins le milieu voire la fin des années 1980, à des instituts de sondage afin de sonder sous couvert d'indérêt de presse l'opinion publique de leur pays.
Ce qui était important afin de savoir prédire jusqu'où on pouvait mener une certaine politique dans tel ou tel sens.
Si les USA devaient sonder la population mondiale, soit environ 250 pays, donc faire appel à au moins 250 agences de sondage et ce presque quotidiennement, non seulement cela ne passerait pas inaperçu, passerait bien moins inaperçu que ce que la NSA a fait et qui n'a été révélé que grâce à un hasardeux concours de circonstance, mais en plus cela coûterait bien plus cher que de se payer le matos informatique dont dispose aujourd'hui la NSA.
Donc pour moi ce que fait la NSA ne ressort pas du pur espionnage, mais bien plutôt de "la prise de température" au niveau mondial de chaque pays par rapport à telle politique américaine, à telle guerre menée, à la perception de la lutte contre les terrorrismes, à la perception de l'islamisme, etc.
Certes la NSA a espionné l'Europe, l'UE, directement et intentionnellement, cela on le sait, mais en plus, bien plus dirais-je, ils ont surtout et avant tout avec la NSA mis au point un outil de sondage mondial.