Trop top génial, et surtout « il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »... Ainsi pendant le mois d’Août La Libre Belgique sortait chaque samedi un supplément spécial « les escrocs » et une semaine ils parlèrent d’une arnaque qui a mis au moins un an à être connue et acceptée en tant que telle par ses utilisateurs : le fameux Bitcoin.
Bitcoin, qu’était-ce ? Une monnaie résolument anticapitaliste, antisystème, tournant sur internet et rien que via le net. Une monnaie numérique alternative aux paiements via PayPal et cartes bancaires dans laquelle ont dû sombrer pas mal d’Anonymous et qui permettait d’acheter sur le net des « points » ou « bonus » pour grimper de niveau dans tel ou tel jeu vidéo. Du moins au début, puisqu’avec le temps et la confiance acquise en cette monnaie elle permettait d’acheter des contenus concrets multimédias (musiques, vidéos, photos artistiques) puis, plus tard encore, du concret bien matériel à se faire livrer par des services postaux.
Quelques détails auraient dû attirer l’attention des alternatifs qui s’y sont laissés prendre. D’abord je ne pouvais, avec le bitcoin, n’effectuer la transaction que dans un seul sens : de la monnaie réelle (dollars, euros, etc.) vers les bitcoins. Le retour en arrière était tout simplement impossible. Ensuite, à quelle chose réelle était liée le bitcoin ? Toute monnaie sérieuse, et aussi alternative soit-elle, doit être liée à quelque chose de quantifiable et vérifiable. Ainsi le SEL est-il lié au temps de travail ou de service rendu, pour parler d’une monnaie alternative qui date d’il y a longtemps.
La réalité était tout simplement que le bitcoin n’était lié à rien, sinon aux euros reçus. Plus son créateur et unique gestionnaire recevais d’euros, plus il créait des bitcoins et les distribuait.
Quand on sait ça, on a compris le fond de l’arnaque : le créateur des bitcoins récoltait les euros et les dollars avec lesquels il s’achèterait bientôt un coin d’île et une villa grandiose, il donnait en échange des bitcoins dont tu ne pouvais pas obtenir remboursement et dont tu ne savais pas vérifier la valeur réelle.
Jusqu’au jour où le bitcoiner a été trop gourmand : il voulut non seulement arnaquer les petits bourgeois (ce qui est facile) en leur vendant sa monnaie alternative et numérique, mais il voulut aussi arnaquer les gros bourgeois en introduisant le Bitcoin en bourse !
Après des débuts en bourse total délire (le bitcoin faillit dépasser la barre des 200 US$ l’unité), les autorités de régulation se sont posés quelques questions et, paf !, quelques 300 millions de dollars définitivement évaporés dans la nature fut le bilan de l’enquête.
Le plus beau dans tout ça, c’est pas l’histoire du Bitcoin. Non. C’est qu’une semaine après avoir sorti ce supplément sur l’arnaque au Bitcoin, La Libre Entreprise, titrait sur l’extraordinaire opportunité de développement économique offertes par les monnaies alternatives en ces temps de crise...
Euh, vous croyez que si moi, petit imbécile pas assez gourou, je me mets sur la Place Flagey et décide de mettre en vente pour 1 € pièces des bouts de papiers imprimés nommés disons « flageoley » qui permettraient d’acheter des radis bios cultivés dans les jardins d’Ixelles et d’Etterbeek, et bien vous croyez qu’on me l’achètera cette monnaie alternative ?
Non, car je suis pas assez gourou. Pourtant ça marche !!!
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