Etait-il possible d'entendre quelque chose d'aussi désagréable? Voici que mon ex-petite-copine vient de m'apprendre que Virginie (ou Virginia) que j'aimais, cette fille-garçonne pour qui j'ai composé quelques morceaux, était probablement, d'après l'une de ses amies, décédée. Elle était pourtant jeune. "Comment ça se ferait?" ai-je demandé, "probablement une maladie". Je n'en vois qu'une: la mucoviscidose.
Du coup cela change totalement le regard que j'avais sur sa non-réponse à la lettre que je lui avais remise à la main. Si elle se savait condamnée elle n'aura pas voulu me faire souffrir.
Et pour sûr que j'aurais souffert. Car maintenant, non que cela ne me fasse rien mais étant dans le doute: l'information est-elle sûre?, je suis détaché. Soit elle est vivante et je ne suis rien pour elle, soit elle est décédée mais n'étant point lié à elle par quelque relation plus intime que quelques rencontres au café, à part un léger froid qui m'envahit tout ce que je ressens est une immense reconnaissance, surtout si elle a écouté mes derniers titres qui ont dû mentalement la faire souffrir du genre "non ce n'est pas que je ne t'aime pas mais je ne peux pas t'aimer ni te le dire".
Déjà une fois j'imaginais qu'elle avait une histoire avec un autre gars du café, j'entrerai pas dans les détails, mais franchement pendant des heures j'ai pensé à me suicider. Evidemment je ne l'ai pas fait, préférant vérifier les tours que me jouaient mon imagination malade.
Mais si on avait eu une histoire ensemble, puis à peine deux ou trois ou quatre mois plus tard, que la mort eût interrompue alors oui j'aurais clairement pensé au suicide et même si je ne sais pas si je serais passé à l'acte, je me serais perdu d'une façon ou d'une autre dans une forme d'autodestruction, ne fut-ce que le retour à mon alcoolisme profond.
Quelle force de caractère et quelle intelligence du coeur et des choses du coeur devait-elle avoir pour préférer faire semblant de ne pas avoir lu ma lettre (lorsqu'elle me posa la question "habites-tu Ixelles?").
Ou bien elle est vivante, ne l'a pas lu, et alors mieux vaut que je l'oublie.
Mais je pense bien que l'info est peut-être vraie. On la voyait souvent soit au matin au café soit passant dans le quartier, dont le mien.
J'aimais dire d'elle qu'elle était une Elfe, ces êtres immortels habitant des contrées reculées loins des humains. Quoiqu'il en soit maintenant elle en est une, parmis les elfes et les anges.
Une étoile brille, sinon dans le ciel, à tout le moins dans mon coeur, que jamais je n'oublierai.