Que les USA surveillent beaucoup de monde, cela est presque logique, du moins dans leur guerre contre le terrorisme. Car il s’agit bien d’une guerre, et d’une guerre mondiale (les exemples du Mali, de la Syrie et de l’Irak le démontrent), et non pas simplement d’une lutte contre le terrorisme envers le seul territoire américain dans lequel on est lancé depuis le 11 septembre 2001.
Mais il y a une différence entre surveiller beaucoup de monde, ce qui est tout à fait humainement et technologiquement possible, et surveiller tout le monde ce qui est certes technologiquement possible mais humainement impossible.
Ce que je veux dire ? Nous sommes 7 milliards d’individus répartis en un peu plus de 200 pays et un peu plus de 900 langues courantes, auxquelles il convient d’ajouter des langues qui ne se parlent plus mais peuvent néanmoins être éventuellement utilisées (latin, grec antique, araméen, etc.). De plus, il y a toujours au moins 3,5 milliards d’individus réveillés, donc communicants, et ce quelle que soit l’heure de la journée.
Si je veux vraiment lister et contrôler réellement ce que 7 milliards d’individus échangent comme information via SMS, GSM, fixes, fax, mails, chats, ce qui implique comprendre et avoir noté et référencé le contenu de ces échanges, et ce au jour le jour, cela m’est évidemment impossible même s’il ne s’agissait pas des USA mais d’une espèce de gouvernement mondial.
Technologiquement je peux enregistrer ces échanges, mais je ne peux réellement en prendre connaissance de tous dans leur intégralité, ni même partiellement, car l’être humain à des limites qu’aucune machine informatique aussi sophistiquée soit-elle ne peut combler.
À moins de considérer que ça y est, ce sont les machines qui contrôlent le Monde et que le Président des États-Unis d’Amérique n’est qu’une vitrine humaine du vrai chef qu’est une espèce de super-machine cachée au cinquième sous-sol de la Maison Blanche !
Il existe des tonnes de ces phrases du type : « trop de ... tue le ... » et, de fait, trop de surveillance tue la surveillance. Quand tout le monde est surveillé, cela revient à ne pouvoir rien surveiller.
Mais, alors, quelle est l’utilité de la NSA et de cette pratique ? J’en vois deux. L’une de l’ordre utile, l’autre comme simple écran de fumée. Commençons par l’ordre pratique.
Ce dont la NSA dispose avec son système d’écoute et de surveillance généralisé est en fait d’un « super-Google », qui outre référencer les sites internet, référence également tous les échanges privés. Ce qui permet de savoir qui a dit quoi à qui, quand, de quel pays vers quel pays ?
Bref la NSA dispose d’un outil de sondage mondial et plus performant. Avec de telles installations il serait possible de créer des modélisations de l’opinion publique, zone géographique par zone géographique, classes sociales par classes sociales, tranches d’âges par tranches d’âges, potentiel médiatique par potentiel médiatique et également des simulations de réaction des populations selon ces mêmes critères à telle déclaration, telle politique, tel engagement ou désengagement militaire, etc.
Dans la pratique je constaterai simplement ceci : les médias mondiaux et américains n’ont porté aucun intérêt à la mesure du gouvernement américain de réduire la durée pendant laquelle on a droit à des allocations de chômage aux USA. Mais, fortement relayé, une semaine à peine auparavant Obama déclarait, contre l’avis du monde médical, que « fumer du cannabis n’est pas plus grave que de boire un verre de bière » !
Voilà bien un exemple pratique de ce genre de simulations qui pourrait être menée par les installations de la NSA : si je promets de la drogue à tous, est-ce que je peux mener une politique antisociale ? Et apparemment les ordis ont répondu « yes, we can » !
Aucune autre utilité réelle que la NSA. Et la preuve en est que alors que les USA écoutaient le monde entier et donc aussi la Syrie, ils n’ont pas été capables de prévoir ce que les Russes, eux, savaient depuis le début : révolution en Syrie ? C’est soit Al Assad soit l’État Islamique qu’on doit choisir de mettre ou de garder au pouvoir !
Le fait même que les USA aient été incapables de prévoir l’émergence de l’État Islamique en Syrie et en Irak démontre bien s’il le fallait la totale incapacité de la NSA en matière de lutte contre le terrorisme premièrement, ensuite d’écoute et de surveillance efficace des communications électroniques mondiales.
Enfin sur ce qui est de l’utilité en tant qu’écran de fumée. Si je dis « les USA écoutent via la NSA l’entièreté du monde et y compris les américains eux-mêmes », cela a effectivement de quoi choquer et choque de facto énormément.
Mais après un tel coup, si je dis « la NSA surveille mon épicier voisin », l’émotion suscitée est tout simplement nulle !
En fait la NSA n’espionne pas le monde entier, mais bien quelques milliers d’individus à travers le monde, et cela passe comme dans du beurre car après les révélations faites par Snowden on passe de 7 milliards à 3 ou 4 mille individus « seulement ».